langue rousse

sang

dans une capuche

écrin

couvre de ténèbres

l'amant

le sien

pour la longue

nuit

nicolas vasse

soleil opaque

de brumes

disparates

la terre

pourrait

se couvrir

d'invisible

nicolas vasse

(sur Johan Christian Claussen Dahl)

il part

nécessaire élan

d'un fugitif

entre deux amours

nicolas vasse

(sur Eugène Isabey)

éperon de suie

l'ange est mort

nicolas vasse

une maison un bateau

un toit d'immeuble

des hommes parlent

dans leurs brouillards

le blanc creusé

vers une porte

nicolas vasse

soleil couchant

plateforme polaire

lumière-temple

colonnes éventrées

sur les côtes

nicolas vasse

vélos nuages

bulles vers l'avant

trous de paix

le reste

fournaise du vivre

enfer

des cheveux

à leurs têtes

nicolas vasse

(sur Eugène Delacroix)

traversée

sur l'eau-rasoir

seuls quelques

corps

d'apparats

semblent

échapper

un temps

nicolas vasse

(sur Gustave Doré)

deux amants

d'une âme

engloutis

dans l'avenir

des vivants

nicolas vasse

(sur Escher)

vol déchirant

encore moulins

églises

villages

les bombardiers

étirent les champs

le nuage approche

encore moulins

églises

villages

accrochés au

vol déchirant

nicolas vasse

(sur Otto Dix)

couleurs de sable

brumes et nuages toxiques

l'homme marche

et s'y enfonce

trop loin

de sa légèreté

nicolas vasse

(sur Franz Kline)

une fenêtre

à coup de brosses noires

sort

glisse

sur ses perspectives

un blanc mat

et un autre

perforant

la grisaille reléguée

tapis à l'écart

nicolas vasse

(sur la seconde toile de Patricia Ribet)

montagne-tempête

le ciel se mêle

aux éléments

de la terre

aveugle

nicolas vasse

"eau forte et aquatinte de Marie Alloy"

la brindille

simili d'arbuste

fragmente

son survivre

le vent trop froid

fige l'humidité

nicolas vasse

des ombres se répartissent

dans l'espace dans la pièce

grande et lugubre

une entrée boit les silhouettes

une seule lumière

un trou d'espérance

où s'engouffrent

les gargouilles

nicolas vasse

frottements de couleurs

dans le gypse

salissant

nicolas vasse

deux portes

le bien et le mal

et les couleurs

sur les rebords

l'espérance

d'un arc-en-ciel

un pont

nicolas vasse

femme-armure

antique et voyante

elle en symbole

sa fontaine

sous l'ange-momie

et pour son diable-abeille

sa porte-losange

nicolas vasse

souffle dans la montagne

dans l'ocre et la terre

moite poreuse meuble

le ciel se fâche

le bleu tend au noir

le liquide coule

lait blanc

opaque

nicolas vasse

coeur-colombe

lune-éclair

couchant et l'azur

ténèbres

qui dégoulinent

suintent dévalent

dans d'épaisses

coulées de mort

jusqu'aux reflets

de l'eau

et d'une aile

libellule

nicolas vasse

clairière perdue

lac dans un cristal

de la roche liquide

d'un seul mot

ma mélancolie

nicolas vasse

utiliser encre tâches

et blanc de vide

cerner l'espace

sans oublier

sa diffusion

lente

nicolas vasse

sigle sable

une lanterne d'os

dans la lumière

émerge de la craie

nicolas vasse

(sur "adieu à la mer")

la mer a sa couleur

toujours un vert

toujours en fuite

le ciel change

l'homme aussi

la mer a sa couleur

d'avant nous

nicolas vasse

la chaleur traverse

instant de lumière

quand d'un souvenir

le bois semble plus chaud

plus authentique

la maison est un fruit

dans un été radieux

nicolas vasse

utiliser des teintes animales

et dire aux prochains

à l'esprit de la terre

dans son ventre

le mystère et la beauté

d'une vie courte

passée à tenter

pour survivre

et survivre

pour tenter

d'en jouir

nicolas vasse

(sur la toile orgasme de Wols)

comme une carte

où seraient indiqués

étoiles

cheminements d'eau

et crevasses

auréolées

nicolas vasse

(sur la toile de Camille Byren)

chrysalide de bulbes

la toile et l'araignée

l'horreur

de la décomposition

nicolas vasse

boule compacte

papiers pansements

griffes et tags

nicolas vasse

l'orage troué d'un oeil

descend dans la vallée

et remonte la montagne

suivi de quelques

hommes

nicolas vasse

au ventre

dans l'humide

des troncs

de la forêt

d'ombres

le dehors jailli

le dehors lumineux

comme après

trop d'étouffements

de fraîcheur






nicolas vasse

l'orage à moitié

comme indécis

surpris en pleine

fougue

l'écume qui vole

les grandes noires

qui traversent

et cette éclaircie

qui rassure






nicolas vasse

écartèlement sous la lune

le bleu outrancier

ravagé d'une chair dure

de côtes cassantes

dans le froid

un bout de viande

ouvre sa coquille






nicolas vasse

en haut des tours

le feu les chaudrons

quelques hommes-gargouilles

une certaine vision

d'un lieu de servitude







nicolas vasse

il ne bouge plus

les ténèbres la mort

il ne fait plus

que vivre

après tant de pensées

il savoure enfin

la lumière douce

d'une fin de jour







nicolas vasse

crépitements

dessins-sorciers

le monde-symbole

tournoie langue

sur le mur

à leurs lumières







nicolas vasse

esprit saut de vent

une porte rouge

où le signe

fonce






nicolas vasse

l'émeraude de la grotte

sculpte et dénude

quelques traces d'or

concrétions

mousses

moisissures

une montagne

de l'intérieur

en jade






nicolas vasse

visages en lignes de peupliers

des roses qui se mêlent

se pressent purée

de chapeaux

pelliculés







nicolas vasse

corbeaux forment plume

bataille des angles

le jaune de la fin







nicolas vasse

masques de joies anciennes

le jaune aux joues rouges

d'ivresse dans la soif

des ombres balaie

le même mouvement

qu'une guerre en couleurs







nicolas vasse

corail-écorce

le blanc-lumière

se décompose

entre les fibres

souches du bois

dépôt à photons

armoire-termites





nicolas vasse

les silhouettes

dansent

génies d'air

sur des jambes

à moitié vent

et reposent

mains

ensemble

sur un baiser

mouvant et figé

fin d'hiver

les roches

dégoulinent

de couleur

les pousses

s'élèvent

les grottes

moins sombres






nicolas vasse

c'est l'homme au violon

le bois et la neige

l'église et la maison

qui dansent sous la lune

aux ombres vertes





nicolas vasse

sortis de l'écume

eau chevauchée

d'algues et l'ocre

brisé

sable-sédiment

combat de falaise

à couchant








nicolas vasse

hache-gencive

la chair est interne

langue qui racle

les deux lignes

du bruit





nicolas vasse

avalanches-cascades

grottes-arbres morts

pic-magma

lave renversée

reliefs-éclats

la réalité

fond au soleil






nicolas vasse

les bas

les rubans

couleurs noirs

elle est tombée

dans le panneau

d'une route

amoureuse





nicolas vasse

la paon sanguin

organe de parois

le paon fluide

bat

bat

d'un impossible

envol






nicolas vasse

l'été c'est le feu

c'est un arbre c'est corps

tout flambe

venteux

les marques du visage

tout flambe





nicolas vasse

des trous d'eau

désert montagnes oranges

un dieu grand

gesticule

sa tête un œil

rouge

et lèvre




nicolas vasse

serpent

le bleu sous

la menace

varan

méduse poulpe

corail

le sable basaltique

une île œuf

dévorée

dévorante





nicolas vasse

cicatrices l'abdomen

les sutures de terre

le noir de fumée

le cœur pourri violet

le rouge blessures

l'orange cri

le blanc mort

une tête arrachée

sanguine

moelle épinière

qui tente pourtant

un cri de fin






nicolas vasse

taureau de déliquescences

l'os dans le verre

les forces souterraines

le cerbère du monde

des morts

du monde de la mort

caverne des âmes

dragon phœnix

écailles le gardien

labyrinthe de symboles

ouvre la vie

aux frontières

du vide




nicolas vasse

autour du puits

latence de l'eau

en reflet

une décharge

de corps gris

ils décomposent

la lumière le sol

et s'entaillent

de symboles

et de mollesses





nicolas vasse

tannée

dans la guerre

dans les mouches

une hache

plantée

structure

les cendres





nicolas vasse

ratures

des oiseaux noirs

sur les planches

fenêtre maudite

pinceau qui comme

main essuie

chiffonne

émiette

de l'intérieur




nicolas vasse

tas de roses

la pomme tombe

dans le feuillage

parfumé si longue

la chute des corps

et déjà déjà le silence

fraye entre eux

sépare divise encore

pour toujours

la vie se rejoint parfois

mais si brève

si intense




nicolas vasse

champs chaises sueurs

d'une argile boueuse

l'épine dorsale

ligne de clôtures

ouvertes aux vents

vides de paysages

grisaille mortifère

l'ennuyeux

sommeil du vivant






nicolas vasse

visages flammes

lune bulles

route une haleine

de fleuve emmène

des trous des bûchers

dans un bois

d'oiseaux noirs




nicolas vasse

cube

l'expérience de la cloison

porte close

un blanc dans le paysage

boîte

sans dehors

le vent chasse

trois bouts de carton

où l'homme se pense




nicolas vasse

la vie verticale

rocheuses poussée

de verts profonds

dans la brume

qui court le long

du précipice

s'il est dragon

de Chine il est

d'écailles de jade

comme le mélange

suspendu entre l'eau

le brouillard et

la chute épineuse






nicolas vasse

totem

bouclier salamandre

une langue pendue

silhouette rouge

deux masques

noirs

becs et crocs

mais les couleurs

pâlissent

dans le jeu






nicolas vasse

une perle l'huître

un toucan aztèque

deux oiseaux

un chat rose

à l'envers

un couteau

un hippocampe

des îles bulles

le tout compacté

pressuré

comme une somme

d'organes





nicolas vasse

bleu outremer

bleu d'outre-mer

bleue l'autre mer

l'autrefois a bu

le socle des vagues

le tango du serpent

s'arrime à la barre

à la quille dans le bleu

celui qui n'existe pas

sous le blanc de la coque

celui qui ne descend pas

sur la pointe du mât





nicolas vasse

serpent les écailles

ses écailles

ses anneaux

de l'intérieur

broie de l'air

de poumons

les siens

bien forts

autour de l'os

de l'os tête

le crâne

blanc sur le fond

bleu d'un pilier

sombre sombre




nicolas vasse

mouvement plume

une main végétale

couvre la terre

et le néant noir

griffes de fumée

le sceau libre

évanescent







nicolas vasse

j'imaginais alors le trouble d'un étang

une grenouille en provenance de la mer

des enfants sous une ombrelle adéquate

le tout sous un globe de verre à paillettes

comme un souvenir inaudible et autiste







nicolas vasse

le noir est l'alcool des pas

la négation des avancées

le sourire volumineux

et figé loin des choix







nicolas vasse

une possibilité des abattoirs

les cheveux des cercles

concentriques

hachoirs couteaux blancs

la noyade rouge

la gorge ouverte au vent

mégot planté

cri de sueur

lutter par

sa chair






nicolas vasse

tubes d'éclats souillés

rouleaux sourds du vide

des fioles

des tiges à froufrous

l'établi sale et épais

récif corallien





nicolas vasse

mer mauve

charrue sur le dos

la tortue du ciel

retourne la côte





nicolas vasse

j'ai porté

le sein nu

et vivifiant

comme un symbole

rouge

dans les traits

de la pure

lumière





nicolas vasse

végétal

fractal

la vitre se lave

seule et orange

aux quatre coins

du monde

la lumière

est tissu





nicolas vasse

je réfléchis et qu'est-ce

qui visible d'éclats

se divise dans l'œil

ombragé d'un soleil

en pleine forêt

chute et se pétrit

de joyaux et de bas

édifices profonds





nicolas vasse

attendre

le rythme des phases

l'éclaircissement

galets blancs

du soleil




nicolas vasse

l'instant se fixe

vaincu

le courant à l'algue





nicolas vasse

chemins larmes sillons

l'horloge des voyants

lancine le trajet des morts




nicolas vasse

architecture

les corbeaux hissent

des pins sur la tempête





nicolas vasse

secouée

sans ordre

la barque d'abaca

sombre

sur la lueur

d'écume




nicolas vasse

balafres coulissantes

trous d'air

glissements

griffes

escarpés

fauves

crocs déchirures

matière fondue

comme une terre

de chaudrons

moites

crieurs

de glottes





nicolas vasse

mur

porosité rasante

les fleurs

éclatent

indélébiles





nicolas vasse

tertre écaille

la nouure dans l'écorce

le ravin dans les lignes

rétrécissement

de la peau

du dehors




nicolas vasse

écartelé fenêtres musique au sol

pertes décadence imprécatrice

tapis de sang veines noires

lasso de la vénus grise

trous failles espacements

l'orgie des gouffres

étranglements concentriques

suffocation tribale

gars qui tombe

qui brille

qui luit

ébruite

infernal

soubassement

des notes

couleurs

toile

planches

tombeau





nicolas vasse

tourbillons dans l'ocre pluie

remous tremblants

transparence

éloges à trois tons

cercles tatoués

l'évanescence

gesticulant





nicolas vasse

blanc mines lueurs

collages montagnes

plaines mongoles

vent cristal la poussière

mélanges ascensionnels

l'esprit calfeutré

trouble et granuleux

le beurre étaye

la couleur rouge thé

des rites de la terre

et du libre abandon




nicolas vasse

les courbes lui fondent sens

dans le lait poreuse

ses hanches molles

sorties du ciseau

de la fièvre féminine

à peine osseuses

où la lumière se casse

jusqu'aux cheveux danse





nicolas vasse

saigne la main de l'emprise

fiévreuse crachat dans

les bribes follement

d'atmosphère





nicolas vasse

cendres j'ai tendu filets d'escapes

de souliers errements

au travers fissures bravoures

de roches tendres

le joyau rouge

du matin blême

avant l'aînesse

du ventre ouvert aux nuages





nicolas vasse

les toits l'huile ce soir

avion l'écho sur l'aveugle

plaine de silence

perles se taisent par la vitre

voyeuses toujours à venir





nicolas vasse

crépusculaire anéanti le rire la rissole

du corps en filaments dépecée meurtrière

cortège de carreaux dans l'espace souvenir

calèche noire le velours flottant quelques

paroles se perdent moisissure du temps

le nord lèche les arbres de la brume

du sol orangé arrangé au désespoir

des balles d'acier fendent la lèvre

et l'amas des couches supérieures

de l'épidermique oraison

le soir fait sentir la couleur

des châtaignes humides

totales





nicolas vasse

poix roulé des ans cercles tronc

sang de l'écorce vieillie

mature éclatement




nicolas vasse

gord sous la pluie la voix battante

intrépide le centre du vert

sombre et sans limites




nicolas vasse

ongle cassé noir

tissu traits de fragments

souterraine et soudain

la roche implose

le silence éclate

puis dans le bruit

silence de fracas

l'eau jaillit

se rend à la vue

à la transparence

aux mains assoiffées

en contrebas





nicolas vasse

traverse crinières de portes

les brusques mouvements

les chutes des corps

pâle pour le printemps

tandis que céleste nue

d'elle vapeurs de fantômes

l'hémoglobine bat

ruine la possibilité même

du temps des hommes

et piano l'escalier

et piano l'abattement

du vautour de l'œuvre

traverse il ne restera

rien




nicolas vasse

l'arc seigneur je fêle

éclats la journée

cavatine propice

le paquebot démarre

dans le ciel je brise

d'ardoise la nuit

une barque finalement





nicolas vasse

les doigts parleurs cigares

lèvres juste à temps

touchèrent le silence

dérobés à la langue mafieuse

le café clair sang vrillé

l'éclopé le feu de broussailles

les gens qui se mirent

de points rouges au soleil





nicolas vasse

les murs les faux-semblants qui

et déroulent les minutes

la tapisserie figée en glace

établissent un lien indissoluble

immobile étendue du regard

qui la scrute en vain cireuse

dame la laine en-dessous

couchée de bois rouge

mandarine flavescente




nicolas vasse

il y a des mines inépuisables

ravins silex armes de morts

les pères la mémoire des autres

et la sienne comme la terre

étouffée de strates

d'années de temps

la pluie l'argile le sale

la résine du passé

ce que l'on a pas réussi

à conquérir pour toujours

ni même une seconde

ça fuit ça se fissure ça crève

l'eau s'échappe

de la tête en cheveux

de paupières




nicolas vasse

bras larges démones qui s'enfoncent

cassures briques paysages d'inquiétudes

traînée grise d'un plat qui s'écrase

alors cet état larvaire du corps en stances

cet abandon dans la rue dans la ville

béance large de lèvres aveuglées

les passants les miroirs les chevaux

dans le cœur corrompu et flagellé

tracent les gerçures le vin du cri

le sang la folle indifférence

d'une vie statuaire et close




nicolas vasse

pardon les bleuets voix et champs jaunes

pardon les rires bruits des roseaux

pardon le vent soudain de la bouche

et les cris joie dans la lumière

pardon pour l'enfance dévorée

presque il ne sera pas ce cadavre




nicolas vasse

soleil partout le plancher se soulève les valves

muscles saillants à portée de bleu de profondeurs

la nuit belle de pierres rejoint lianes et fossés

le sol en collines le soufre de la terre sur les lèvres

le rouge l'oxyde souterrain les ocres salissantes

tous ces traits ces carrières ces crevasses mortes

tout ce temps ce passé derrière nous autres

nous étrangers je m'arrache cheveux et lanières

de peau de pêche levées au soleil encore lui

muscles saillants de sueur au lever des tombeaux

je meurs et m'écorche devant vous

d'un fardeau si lourd exigu pour un vivant




nicolas vasse

poudre et chemin mon amour le ciel a du sang sur les mains

le grillage parle de carrés d'éclats sous l'été sous le temps

il faut couvrir les arbres les clôtures un manteau vite

poudre et chemin mon amour la neige a bu le sang de mon cœur




nicolas vasse